mercredi 22 mai 2013

Photovoltaïque Des artisans locaux réparent les dégâts des arnaqueurs nationaux

Les professionnels alsaciens du photovoltaïque voient affluer les victimes de sociétés avides de gains faciles. Exemples à Lapoutroie et Fréland.

À Lapoutroie, il a fallu deux jours et demi de travail aux Artisans associés de Sainte-Croix-en-Plaine pour refaire l’étanchéité, bâclée en un jour par une société peu scrupuleuse. Photo Thierry Gachon
« Ce n’est pas un devis pour une installation de panneaux photovoltaïques que j’ai signé mais un contrat de prêt de 27 000 € » , se désole un retraité de Lapoutroie. Cet ancien responsable commercial d’une entreprise de la région s’est laissé prendre par le baratin bien rodé d’un vendeur.
Tout a commencé fin décembre 2012 par un appel téléphonique d’une société de Bobigny. Une offre mirifique : « Installez des panneaux photovoltaïques qui ne vous coûtent rien, qui permettent de réduire vos impôts, qui protègent la planète, qui vous rapporteront de l’argent dans dix ans… » Le retraité accepte de recevoir un représentant qui lui vante le programme « Maison Verte » de Planet Solaire, du groupe Ambiance Eco.
« Tout est allé très vite »
« Les chiffres étaient tellement alléchants que j’ai signé. Tout est allé très vite. Début janvier, trois hommes ont commencé à poser les panneaux à 9 h du matin. À 17 h 30 ils avaient terminé. Il faisait nuit. Ce n’est que le lendemain que je me suis rendu compte que les tuiles de bordures étaient mal posées. J’ai dû insister pour qu’ils reviennent. »
Étape suivante : le raccordement au réseau par EDF. Les 900 € de branchement n’ont pas été acquittés. Le propriétaire estime que c’est la société qui doit payer puisqu’on lui a vendu du « tout compris ». Quand fin juin l’agent EDF veut brancher, il constate que c’est impossible. Il faut insister pour que la société envoie, à ses frais, son électricien : des fils sont inversés. Le 11 juillet, l’installation est branchée. Et le doute est semé dans l’esprit du retraité quand il analyse la production électrique quotidienne : « Deux à trois fois moins qu’annoncé. »
Il relit contrats et factures et se rend compte qu’il a signé un contrat de prêt de 27 000 € sur 12 ans à la banque Solfea, filiale de GDF-Suez alors qu’une installation photovoltaïque est facturée en moyenne 12 000 € par les artisans locaux.
Arrive l’hiver : la pluie goutte dans la chambre. Un couvreur rafistole l’étanchéité. L’assureur envoie son expert et se retourne contre l’assurance décennale de l’installateur… Il donne son accord pour 5 800 € de travaux de réparation, réalisés mi-mai, par les Artisans associés de Sainte-Croix-en-Plaine : deux jours et demi de travail à trois pour démon-ter les panneaux, refaire l’étan-chéité, remonter les panneaux : « Ils ont utilisé du matériel inadapté. Du vrai bricolage » , disent les couvreurs, zingueurs, charpentiers locaux. La bonne affaire est devenue un cauchemar. Le propriétaire a racheté le prêt Solfea en empruntant à sa banque locale pour raccourcir de douze à sept ans les remboursements…
20 000 euros en plus
À Fréland, même scénario. Avec en supplément l’impossibilité de raccorder l’installation au réseau EDF : il faudrait casser le chemin du voisin pour y passer une gaine sur 300 m de long, une affaire de 18 000 à 20 000 €. Le propriétaire a cherché un avocat qui a saisi la justice. « Le commercial nous a mal conseillés. Il avait promis de s’occuper de tout mais nous a vendu un truc qui ne marche pas. Je veux qu’ils viennent démonter ces panneaux, je ne peux pas payer 20 000 € de plus pour la tranchée. » Depuis, son entreprise l’a licencié : « Elle délocalise. » Mais chaque mois il doit débourser 237 € pendant douze ans…
 
Élisabeth Schulthess

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Source : www.lalsace.fr

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