Le mega projet d’implantation de centrale électrique solaire et
éolienne dans le Sahara et en particulier au Maroc touche le fond. La
direction de l’alliance industrielle annonce qu’elle renonce à exporter
vers l’Europe l’électricité qu’elle prévoyait d’y produire.
Le méga projet solaire européen dans le désert du Sahara vient de
perdre sa raison d’être : la direction de la société Desertec Industrial
Initiative (Dii) renonce à exporter l’énergie solaire produite dans la
Sahara vers l’Union européenne. L’information est confirmée aujourd’hui,
mardi 4 juin, par Euractiv.com. « Honnêtement, il y a quatre ans,
l’acheminement de l’énergie depuis l’Afrique du Nord était la raison
d’être de Desertec. Nous avons abandonné cette vision unidimensionnelle.
Il s’agit à présent de créer des marchés intégrés dans lesquels
l’énergie renouvelable apportera ses avantages [...] C’est l’objectif
principal », a expliqué Paul van Son, PDG de Dii.
Exit le projet Transgrid devenu Transgreen. Il n’est plus question de
subvenir à 20% des besoins énergétiques européens en produisant de
l’énergie renouvelable solaire et éolienne au Maghreb et en particulier
dans le Sahara. « Nous manquons toujours de lignes et de capacités pour
l’exportation à un niveau très élémentaire », estime Susanne Nies,
directrice du département de politique énergétique à Eurelectric,
l’association qui représente le secteur européen de l’électricité.
Compliqué à intégrer au réseau électrique existant, Desertec serait
aussi inutile à l’Europe. Paul van Son a expliqué que le marché européen
pourrait fournir lui même jusqu’à 90 % de sa propre demande en
électricité dans les années à venir.
La fin de Desertec ?
La direction de Dii vient-elle de porter un coup fatal au méga projet
solaire qui avait mené à sa création ? L’an dernier l’alliance
industrielle avait enregistré deux cuisantes défections. Le 22 octobre
2012, Siemens avait annoncé son retrait. La société allemande quittait
totalement le marché solaire. « Le marché mondial de l’énergie solaire à
concentration s’est rétréci de 4 gigawatts à un peu plus de 1 GW
aujourd’hui, avait expliqué, aux Echos, Michael Süss, membre du
directoire en charge du secteur Energie. Dans cet environnement, des
entreprises spécialisées seront capables de maximiser leurs forces. »
Le 13 novembre c’était au tour de Bosch de se retirer du jeu. « En
raison d’une situation économique plus difficile, nous avons gelé toutes
nos participations, et décidé de ne pas prolonger notre participation à
Desertec l’année prochaine », avait indiqué la porte-parole.
RWE travaille avec le Maroc
Le même jour, le tout premier projet pilote de Dii prenait encore un
coup dans l’aile : l’Espagne refusait de s’engager dans le projet
Siwand’une centrale éolienne et thermo-solaire dans le désert marocain.
Ce projet pilote, évalué à 600 millions d’euros, faisait l’objet de
discussions complexes sur le partage des coûts entre les différents
pays, or l’Espagne se trouvait sur la route de l’électricité ; prémice
de l’échec qu’enregistre aujourd’hui Desertec sur la question de
l’exportabilité de l’énergie électrique.
Euractiv.com ne dit pas si le renoncement majeur de Dii a été décidé
en collaboration avec le Maroc et l’Algérie, mais il ne signifierait
apparemment pas la fin définitive de tout projet européen solaire au
Maroc. RWE, société de réassurance allemande négocie actuellement avec
des partenaires afin de créer une coalition, la première étape d’un
projet de construction de centrales photovoltaïques et d’éoliennes de 50
MW dans le royaume, indique Euractiv. « Nous sommes convaincus que le
projet Desertec est une très bonne occasion d’augmenter
l’approvisionnement en énergie renouvelable pour l’Afrique du Nord. Même
si certains critiquent le projet, nous estimons qu’il portera ses
fruits à long terme », a déclaré Martin Pack, porte-parole de RWE.
L’électricité produite à partir des projets marocains serait destinée au
marché local et non à l’exportation.
Source :yabiladi.com